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SCOT : Bilan de la concertation et arrêt du projet (2014)

[SCOT : Bilan de la concertation et arrêt du Schéma de Cohérence Territorial - Intervention du groupe des élu-es écologistes de la Métropole - Conseil du 13 octobre 2014]

 

Monsieur le Président, cher collègue,

Le document que nous examinons aujourd’hui est d’une importance majeure pour notre territoire car il définit les grands principes d’aménagements de la métropole pour une génération.

Il est le fruit d’un travail de plusieurs années réunissant élus, services et administrations au sein de la commission d’urbanisme et de nombreux groupes de travail.

Le résultat est impressionnant par sa densité de contenu mais pas forcément accessible pour le non initié.

Pour autant, pour le groupe des élus écologistes, il semble que plusieurs grandes orientations se dégagent.

 

La volonté de diversifier le tissu économique de notre territoire. Sans remettre en question les apports de la logistique et de l’industrie, nous assumons la nécessiter de rattraper notre retard en matière de développement touristique, tertiaire supérieur et d’économie verte.

La nécessité d’accorder la priorité aux alternatives à la route que cela soit en matière de transport des personnes et des marchandises, même si, j’y reviendrai un peu plus tard, qui dit priorité ne veut pas forcément dire abandonner des vieux schéma routiers.

La mobilisation contre les effets pervers de l’étalement urbain, qui détruit des espaces naturels et terres agricoles, confronté les ménages à la précarité énergétique et déstabilise les finances des collectivités locales.

Cette mobilisation se construit au travers d’un aménagement du territoire cohérent à toutes les strates de notre métropole : bourg, pôle de vie, espace urbain ou cœur d’agglomération, articulant politique de logement, de déplacement et de développement économique pour offrir à chacun le choix de son lieu d’habitation et de son mode de déplacement en cohérence avec son lieu de travail.

Enfin, et surtout, le SCOT traduit les avancées de la Loi Grenelle qui assure la prise en compte de l’environnement dans l’ensemble des politiques.

La nécessité de préserver l’environnement et enfin affirmée avec force, la contrainte se transformant même en atout lorsqu’il s’agit d’envisager le patrimoine naturel comme facteur de développement touristique ou, la qualité du cadre de vie comme un atout dans les critères d’implantations des entreprises.

 

Mais, car il y a un mais, le SCOT est perfectible, le chemin reste encore long avant de pouvoir revendiquer le titre de première éco-communauté de France...

Il est le fruit d’un compromis entre le poids du passé et les exigences de l’avenir, mais parfois le passé se fait particulièrement pesant au risque d’interroger sur notre capacité réelle à aller de l’avant.

 

Ainsi, nous affichons haut et fort notre volonté de diversifier notre économie en mettant en avant le projet Seine Cité et ses pôles de bureaux tertiaires. Pourtant dans le même mouvement on réaffirme notre soutien à notre politique de zones d’activités tertiaires extensives avec le risque qu’elles viennent concurrencer les projets de cœur d’agglomération. D’un point de vue environnemental cela se traduit par un maintien du rythme de destruction des terres naturelles et agricoles. Certains s’en réjouiront peut être comme un signe de volonté politique mais nous leur rétorquons qu’il n’y a jamais été démontré de lien entre le nombre d’hectares aménagés et le nombre net de créations d’emplois sur le territoire. On constate même que le plus souvent les entreprises se contentent de déménagements internes à l’agglomération laissant derrière elle des friches.

Concernant la mobilité, la priorité est accordée aux alternatives à la route sans pour autant tourner la page des infrastructures du passé. Même si nous somme conscient que nous avons l’obligation de rependre les infrastructures inscrites dans la Directive territoriale d’Aménagement, (DTA), la présence de la liaison A28-A13, et de diverses infrastructures routières créent des inquiétudes légitimes sur notre capacité réelle à construire des politiques de déplacement alternatives en particulier pour la logistique, je pense en particulier au ferroviaire et aux plateformes de logistiques urbaines.

Enfin, si l’environnement a été pris en compte jusqu’à identifier les zones les plus fragiles dans les annexes cartographiques, la question est de savoir ce que valent réellement ces protections. En effet, bien que protégé, un espace naturel peut cependant faire l’objet d’un projet d’aménagement déclaré d’utilité public. Alors certes, dans un premier temps il devra examiner la possibilité de ne pas impacter l’espace naturel. A défaut, le projet devra être repensé pour minimiser ses impacts. A défaut, les impacts devront être compensés …

Nous autres écologistes nous n’aimons pas le concept de la compensation.

D’une part car une biodiversité détruite l’est définitivement et ne peut jamais être compensée ailleurs, sauf à sombrer dans le ridicule. Je me souviens ainsi du dossier du maitre d’ouvrage du « Grand canal » au Havre qui écrivait, sans rire, que la biodiversité de la réserve serait améliorée grâce à la qualité des espaces plantés autour des locaux d’activité ; Oubliant au passage de signaler que la réalisation de l’infrastructure aurait entrainé la destruction du fonctionnement hydraulique de la réserve.

Dans ces conditions nous sommes plus que réservés sur notre capacité réelle à pouvoir préserver la biodiversité des calculs spéculatifs de court terme de certains acteurs économiques.

Aussi, notre volonté à préserver notre environnement et à l’appréhender comme un atout et non une contrainte ne peut se résumer à ce document mais doit être une mobilisation permanente de chaque instant, dans les discours et dans les actes.

 

De façon plus générale, que ce soit sur les questions de développement économique, de déplacement ou d’environnement, notre volonté d’engager la transition écologique et énergétique de notre territoire se mesurera réellement au moment de traduire les engagements de SCOT, dans notre futur Plan Local d’Urbanisme d’agglomération (PLUi).

C’est à ce moment là que nous serons en mesure d’apprécier si les engagements forts du SCOT en faveur d’un développement plus équilibré et prenant en compte l’environnement ont été respectés.

Dans l’intervalle le groupe des élus écologistes s’abstiendra tout en soulignant l’importance et la qualité du travail réalisé.

Merci.