Débat d’orientation budgétaire [Conseil de CREA du 15 décembre 2014]
[Débat d’orientation budgétaire]
Intervention de Cyrille Moreau, Président de groupe des élu-es écologistes de la CREA
Notre agglomération s’apprête à passer en Métropole dans un contexte national voire international particulièrement difficile.
Aussi, on peut s’étonner du décalage avec la présentation de la situation dans l’introduction du DOB qui semble pêcher par excès d’optimisme : on peut difficilement parler de reprise de croissance pour 2015 lorsque l’on évoque une croissance comprise entre 0,4 et 1%. Rappelons tout de même que le minimum de croissance pour créer des emplois est de 1,5% et que l’on a même constaté une augmentation du chômage jusqu’à 2,5% de croissance du PIB !
Ces inquiétudes sont corroborées par l’indice des prix à la consommation du mois de novembre qui s’établit à 0,3%, faisant plutôt craindre un risque de déflation. Notre pays est donc pas prêt de renouer à la croissance si tant est que cela constitue un objectif en soit au vu des échecs répétés des politiques libérales de l’offre ou des politiques basées sur une relance productiviste par la demande sans prise en compte du paradigme environnemental.
C’est sans doute l’un des principaux reproches que l’on peut faire à ce gouvernement qui épuise les marges de manoeuvre du pays dans une relance par l’offre sans imagination et sans encadrement des entreprises mais aux conséquences dramatique pour les collectivités locales au travers de la baisse drastique des dotations jusqu’en 2017.
Ces baisses sont d’autant plus condamnables quelles ne contribuent pas à l’effort national de redressement des comptes publics. En effet, elles sont d’un montant comparable aux baisses de charge dont vont bénéficier les entreprises telle la grande distribution, éligible au pacte de responsabilité pensée pour rétablir la compétitivité des entreprises à l’exportation alors que ces entreprises n’y sont pas confrontés ! Par contre, les baisses de dotation se traduisent globalement par une diminution de l’investissement public qui lui sanctionne l’activité économique locale. Dans ce contexte, il faut souligner la performance de la future Métropole qui réussit à maintenir un niveau élevé d’investissement dans ses prospectives financières.
Nous saluons également la volonté de la future métropole de diversifier son tissu d’activité économique et de se tourner vers les secteurs d’avenir tout en confortant le tissu industriel et logistique. Contrairement à une vision légèrement caricaturale que l’on a pu lire dans la presse, il ne s’agit pas de tout faire pour le tourisme mais de faire un peu plus de tourisme, de tertiaire, d’économie culturelle, d’agriculture de proximité … et de ne pas tout miser sur l’industrie et la logistique. En parallèle, ces secteurs, la logistique et l’industrie doivent être confortés et accompagnés dans leur mutation vers l’économie verte pour préserver l’emploi de demain et qui n’inclut pas le projet Genesis pour lequel notre groupe sera amené à voter contre lors de son inscription budgétaire.
Sur le plan de l’aménagement du territoire, nous saluons la volonté réaffirmée de lutter contre les effets néfastes de l’étalement urbain et la poursuite du projet stratégique d’Arc Nord Sud, futur T4. Ce projet est essentiel en matière de politique de déplacement mais également en matière de développement économique. Rappelons que l’existence d’infrastructures de transports en commun performants et l’un des critères déterminant d’implantation des activités tertiaires mais également un enjeu de dynamisme urbain.
A ce titre, le choix qui sera réalisé pour l’aménagement du boulevard des Belges sera déterminera pour les décennies à venir concernant l’élargissement de notre coeur d’agglomération. Si le boulevard conserve sa dimension routière, alors le coeur d’agglomération restera cantonné à l’hyper centre ville historique, par contre si le boulevard des Belges prend une dimension urbaine alors il pourra être étendu jusqu’à Flaubert en passant par le quartier Pasteur donnant du sens au projet Seine Cité. Nous demandons donc que toutes les études soient faites pour examiner la possibilité des reports des trafics compatible avec un gabarit urbain avant de prendre la décision définitive.
Je finirais sur les orientations de notre politique de gestion des déchets. Le DOB annonce la dotation de 10.000 bacs pour les déchets verts en remplacement des sacs. Cette décision est notamment prise pour améliorer les conditions de travail des salariés en charge de la collecte.
Cependant, une autre décision aurait pu être prise tout aussi respectueuse des conditions de travail qui aurait été de suivre l’exemple de Grenoble et d’autre agglomérations françaises de remplacer la collecte en porte à porte par des apports en déchetterie.
Bien sûr, une telle décision ne peut pas se prendre du jour au lendemain et aurait nécessité une période de transition de plusieurs années, mais au final la production globale de déchets verts aurait pu être réduite, 85 kg/hab à Rouen contre 50 kg/hab pour Grenoble et notre collectivités aurait pu réaliser de substantielles économies de fonctionnement mobilisables sur d’autres politiques.
Malheureusement, la décision d’investir dans des bacs va créer, comme souvent en matière de politique de déchets, une situation d’irréversibilité qui ne nous permettra pas d’opter pour la solution la moins impactante pour l’environnement et les finances publiques.
En conclusion, le budget 2015 s’inscrit dans un contexte national extrêmement difficile dans lequel notre collectivité parvient à maintenir ses fondamentaux budgétaires et un haut niveau d’investissement. C’est une bonne nouvelle puisque cela permet notamment de poursuivre des projets majeurs pour l’avenir de notre métropole tel que l’Arc Nord Sud ou le futur quartier Flaubert.
Mais tous les investissements ne se valent pas et nous devons veiller à chaque fois à ce les choix que nous effectuons sont bien compatibles avec un développement soutenable de notre agglomération et ne crée pas des situations d’irréversibilité.
Pour le groupe des élu-es écologistes
Cyrille Moreau, Président