Accueil Aménagement SCOT : notre intervention sur le PADD – Projet d’Aménagement et de Développement Durable (étape 2 – 2012)

SCOT : notre intervention sur le PADD – Projet d’Aménagement et de Développement Durable (étape 2 – 2012)

[Intervention de Cyrille Moreau, pour le groupe des élu-es écologistes de l'agglomération au Conseil du 25 juin 2012]

Monsieur le Président, cher(e)s collègues,

Nous débattons aujourd’hui sur le projet d’agglomération que nous souhaitons pour les vingt prochaines années.

C’est un exercice particulièrement délicat à mener dans un contexte international instable, marqué par la conjonction des crises sociale, économique, financière, démocratique et écologique.

Pour autant nous avons le devoir de dépasser ces incertitudes pour fixer un cap et des priorités, si nous souhaitons offrir les meilleures conditions de qualité de vie à nos concitoyens.

Ce projet a fait l’objet de nombreuses réunions de travail qui ont vu des visions de développement se confronter mais également des consensus émerger.

Ainsi, il apparaît clairement que nous ne pouvons pas reproduire le schéma de développement des précédentes décennies, qui a conduit à l’étalement urbain.

Pour nous, écologistes, l’étalement urbain relève d’une vision libérale qui considère que les acteurs privés sont les mieux placés pour décider de ce qui est bon pour l’intérêt collectif, en reléguant les pouvoirs publics au rôle d’accompagnateurs.
Nous sommes opposés à cette vision et défendons une approche où les acteurs publics sont au coeur de la décision, basée sur la planification urbaine. Rappelons que l’étalement urbain, outre la destruction d’espaces agricoles et naturels, a provoqué un développement des déplacements et donc des émissions des gaz à effet de serre, une diminution de pouvoir d’achat des ménages touchés par l’augmentation du prix du pétrole, un affaiblissement du commerce de proximité au profit des grandes surfaces périphériques, la fermeture de nombreux services publics liée à la diminution des densités de population, et plus globalement une perte de lisibilité et donc d’attractivité de notre territoire.

Soyons clair. Notre groupe ne prône pas de vider les campagnes et les zones péri-urbaines au profit du centre de l’agglomération. Bien au contraire.

Ce que nous combattons, c’est le modèle de ville à l’américaine, une ville uniforme s’étalant à l’infini et avec pour seul élément de solidarité un réseau de routes.

Nous défendons un modèle de ville organisée, avec un centre multipolaire relié par les transports collectifs aux pôles intermédiaires, eux-mêmes connectés à des centres bourg ruraux renforcés, et entre ces polarités des espaces agricoles et naturels protégés.

Pour y parvenir nous devons mettre en place un ambitieux programme de maitrise foncière.

C’est la condition nécessaire à une réorganisation fonctionnelle de notre territoire dans laquelle l’habitat, les lieux de commerce, d’activité économique et de loisirs seront interconnectés par un réseau de transports en commun à haut niveau de performance toute l’année, c’est-à-dire avec des fréquences de l’ordre de 6 à 8 minutes, des plages horaires élargies, et une très bonne coordination entre les différents modes de déplacement.

Sans maitrise foncière publique, il ne sera pas possible de construire massivement des logements au sein de notre agglomération sans entraîner une envolée des prix de l’immobilier, qui condamnerait de facto les ménages souhaitant revenir en centre d’agglomération à rester en périphérie.

Sans maîtrise foncière publique, il ne sera également pas possible de relancer une dynamique de développement économique qui s’appuie sur deux piliers principaux, un pôle tertiaire majeur en coeur d’agglomération et des pôles d’excellence industriels tournés dans les secteurs de l’économie verte autour des noeuds logistiques.

A côté de cette vision stratégique globale, notre groupe souhaite alerter cette assemblée sur deux points en particulier.

- D’une part, nous mettons en garde contre une tendance du Projet d’aménagement et de développement durable (PADD) à trop miser sur un développement exogène de notre agglomération. Elle transparait à travers l’importance accordée au rayonnement, à l’attractivité et aux grandes infrastructures. La tentation est forte mais dangereuse dans un monde globalisé confronté à une concurrence de plus en plus féroce entre territoire avec le risque que les résultats ne soient pas à la hauteur des efforts consentis par notre territoire.

Comme toujours, il faut rechercher l’équilibre et veiller à favoriser en parallèle un développement local ou endogène. Il faut éviter à notre territoire de « mettre tous ses oeufs dans le même panier » et surtout tenir compte du fait que les villes qui ont connu le plus fort développement économique et démographique de ces vingt dernières années sont celles qui ont privilégié un développement endogène plutôt qu’un développement exogène.

- D’autre part, nous souhaitons à nouveau vous alerter sur la place accordée au projet de contournement routier Est de notre agglomération comme élément structurant de notre développement pour les vingt prochaines années. Pour notre groupe il s’agit d’une erreur car, nous en sommes convaincus, le projet de contournement routier ne se fera pas. Il y a des raisons locales à cela et notamment le fait que l’Europe n’est pas prête d’autoriser la France à faire passer une autoroute dans une zone Natura 2000. Mais, plus important il ne se fera pas car il n’y a plus de modèle économique pour réaliser de telle infrastructures. Les pouvoirs publics n’ont plus les moyens de les financer et les acteurs privés ne parviennent plus à lever les fonds nécessaires.

L’exemple récent de Strasbourg et du retrait de statut de concessionnaire pressenti à la société Vinci pour la réalisation d’un contournement routier ouest est à ce titre riche d’enseignement. Vinci s’est révélé incapable de boucler auprès des banques le tour de table financier pour lever les 750 millions € nécessaires. Le fait que le projet prévoyait une concession de 55 ans, c’est à dire jusqu’en 2067 a très certainement rendu les banques perplexes sur possibilité de garantir les trafics automobiles nécessaires à la rentabilité du projet à une époque où un pétrole abondant et bon marché aura depuis bien longtemps disparu.

Tant que nous nous obstinerons à considérer que le contournement routier est la seule et unique solution aux problèmes de déplacement sur notre agglomération, nous ne répondrons pas aux attentes des habitants et des acteurs économiques.

Plus grave, lorsqu’il deviendra, comme à Strasbourg évidant que le projet de contournement est dans une impasse, nous n’aurons pas d’alternative prête.

C’est pourquoi mes chers collègues notre groupe demande, la délibération précise que c’est possible, que d’ici la fin du processus du Schéma de cohérence territoriale SCOT notre PADD soit modifié pour intégrer un scénario alternatif au contournement routier Est afin que notre territoire soit prêt à faire face à toutes les éventualités.

Merci.