Agriculture intensive ou eau potable : le choix est fait !
Le rapport 2012 sur le prix et la qualité du service public de l’eau potable souligne une nouvelle fois les problèmes de qualité de l’eau distribuée sur certains secteurs du territoire de l’agglomération, et notamment à partir du captage d’eau de Fontaine sous Préaux.
Ce captage d’eau des sources du Robec à Fontaine sous Préaux alimente en eau du robinet certaines communes du nord de la CREA et la partie nord de la ville de Rouen. Or cette eau est régulièrement polluée par des pesticides d’origine essentiellement agricole, principalement des herbicides utilisés à l’automne et en hiver par l’agriculture intensive pour « protéger des mauvaises herbes » les céréales d’hiver. L’eau distribuée contenant ces herbicides a plusieurs fois depuis 2009 dépassé la norme européenne de potabilité, ce qui a amené le Préfet à accorder en janvier 2012 une dérogation à la CREA pour lui permettre de continuer à distribuer cette eau non conforme, le temps de régler le problème.
Mais le problème n’est pas prêt d’être réglé. En effet ce captage, qui a été de par son niveau de contamination et de la population qu’il dessert, classé comme prioritaire au niveau national au titre de la loi issue du Grenelle de l’environnement en 2009, a fait l’objet de l’élaboration sous le pilotage de l’Etat d’un plan d’action qui est censé mettre fin aux pollutions et protéger la santé des consommateurs. Or c’est loin d’être le cas puisque ce plan d’action, soumis actuellement à enquête publique, après 4 ans d’étude, ne prévoit en rien de changer les pratiques de l’agriculture intensive.
Au lieu de tout simplement interdire l’épandage des herbicides incriminés sur le bassin d’alimentation du captage, comme cela a pu être fait dans d’autres départements comme en Ile-et-Vilaine, le plan d’actions de Fontaine sous Préaux proposé par l’Etat, prévoit que, sur la base d’une démarche volontaire de quelques agriculteurs, la quantité d’herbicides épandue soit réduite de 0 à 20%, et cela sur 30% de la surface cultivée du bassin d’alimentation du captage, soit un effort considérable demandé aux agriculteurs de réduire de 0 et 6%, dans les 3 ans à venir, la quantité d’herbicide épandue sur le bassin d’alimentation du captage…
Le message est clair. Rien n’est fait pour infléchir le modèle productiviste de l’agriculture intensive qui, à grands coups de nitrates, de pesticides et de subventions de la PAC, produit sur nos terres toujours plus de céréales de mauvaise qualité destinées à l’exportation vers les pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Aucune concession n’est possible, même pas pour protéger nos ressources en eau destinées à l’alimentation humaine.
Le choix est fait de privilégier l’agriculture intensive au détriment de notre santé et de notre environnement.